Brexit au Royaume-Uni, Matteo Salvini et le Mouvement 5 étoiles en Italie, Donald Trump aux Etats-Unis, Victor Orbán en Hongrie, montée du FN en France… Un mot revient de plus en plus souvent à nos oreilles : le populisme.
Mais le populisme, c’est quoi?
C’était d’abord une idéologie, un courant politique qui s’est développé en Russie au XIXe siècle. Il désignait les mouvements populaires de protestation et n’était absolument pas un terme péjoratif. Dans les années 1980, ce mot prend un nouveau sens : il désigne désormais une pensée politique reposant sur une vision et un modèle de repli identitaire précis. Selon les époques et les pays, on peut l’associer à différents termes comme nationalisme, protectionnisme et autoritarisme.
Il a aujourd’hui une connotation morale et un sens assez flou, regroupant partis d’extrême droite et d’extrême gauche. Partis ayant pourtant des idées très différentes. Mais toujours, les populistes affirment être les porte-paroles du peuple qu’ils protègeraient contre les élites et le système, mettant un point d’honneur à dénoncer les faiblesses de nos démocraties « ni totalement libérales, ni totalement égalitaires » (pour reprendre les mots de l’historien Pierre Rosanvallon). Pour ce faire, ils mènent généralement un combat contre les « élites »; rejetant les intellectuels, les politiques, les chefs d’entreprises ou les médias, et affirmant ainsi être les seuls à pouvoir représenter le « peuple ».
Selon une enquête parue récemment dans le magazine The Guardian, les votes en faveur des partis populistes ont triplé en Europe au cours des vingt dernières années. Mais cette tendance ne s’arrête pas seulement aux pays développés occidentaux et on retrouve des chefs d’Etat populistes aux quatre coins du globe. On retrouve notamment Erdogan en Turquie, Bolsonaro au Brésil, Duterte au Philippines ou Poutine en Russie.
Pourquoi le populisme séduit autant?
Si le populisme séduit et se développe, c’est pour des raisons bien précises. Il trouve généralement sa force dans les sociétés où les inégalités se creusent et s’alimentent des frustrations accumulées par la population. La peur serait-elle le moteur de cette tendance? Dans un monde où la confiance en la démocratie et en la classe dirigeante ne cesse de diminuer, chez les jeunes particulièrement, les discours populistes sont de plus en plus écoutés. Après une crise, des pans entiers de la population se sentent oubliés, « laissés-pour-compte » ou rejetés. C’est généralement dans ces moments que les populistes se nourrissent de la peur. Peur de perdre certaines traditions et valeurs, peur de perdre son identité, peur de la mondialisation et peur de l’immigration. En effet, ces populations craignent un déclassement et un isolement encore plus fort. On relève ainsi une montée des populismes en période de crise : après la crise de 2008 ou encore en Europe dans les années 1930 par exemple.
Les discours simplistes qui sont proposés sont alors perçus comme la meilleure issue. Un bouc-émissaire est désigné et son élimination est proposée comme la solution à tous les problèmes. La construction du mur entre les États-Unis et le Mexique relève de cette idée, tout comme la fermeture des frontières aux immigrés en Hongrie. Les populistes promettent de représenter le peuple et de lui rendre ses droits, son identité et sa liberté.
Quels sont les dangers de cette politique?
Aujourd’hui, le populisme est souvent associé à la démagogie. En d’autres termes, les populistes sont accusés de flatter le peuple pour gagner son adhésion. La plupart d’entre eux utilisent des slogans et formules simples, pas toujours fidèles à la réalité. Par ailleurs, ils contribuent à nourrir une haine de l’Autre. En se prononçant contre les élites ou les peuples étrangers, ils participent à la création de profondes divisions dans la population, à un repli identitaire source de conflits et un appauvrissement culturel important.
La montée du populisme a donc une origine socio-économique, mais aussi culturelle. Pour y répondre, il faudrait remonter aux racines de cette tendance en développant des perspectives d’avenir pour les populations et en incitant les jeunes à développer leur sens critique par l’éducation.
Carlotta Poirier
Sources:
« De Trump à Bolsonaro, le club des brutes » [en ligne],article du Times sur Courrier International, 31/10/18 (consulté le 10/05/19)
Nouchi Frank, « Du bon usage du mot populiste dans Le Monde »[en ligne], Le Monde, 4/07/18 (consulté le 10/05/19)
« Qu’est-ce que le populisme », L’atelier du Pouvoir [en ligne], France Culture, 21/01/2017 (consulté le 10/05/19)
Scherer Paul « Comment expliquer la montée des populismes », [en ligne], Les Printemps de l’éco, 10/03/17 (consulté le 10/05/19)
« Populisme, La vague », Géopolitis [vidéo en ligne], Youtube, 8/01/17 (consulté le 10/05/19)
Clément Laurianne et Soulcié Thibaut « Comment on fabrique un populiste », Phosphore n°466.
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