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Carlos Ghosn : Retour sur un dernier mois mouvementé autour de l'affaire

Dernière mise à jour : 6 avr. 2019

L'affaire a retenti le 19 novembre dernier, lorsque le constructeur automobile japonais Nissan a annoncé l'arrestation de son désormais ancien président-directeur général Carlos Ghosn. Le PDG de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi était alors soupçonné d'abus de bien social et de fraude fiscale. Il aurait ainsi utilisé certains biens de l'entreprise à des fins personnelles, et dissimulé une partie conséquente de ses revenus au fisc japonais. Le chiffrage de ces fausses déclarations fiscales est très élevé : il serait en effet question, entre autres, de malversations financières, de 30 millions d'euros de revenus non déclarés entre 2010 et 2015. Dès lors, cette mise en garde à vue a logiquement eu un retentissement mondial, compte tenu de la part de ces entreprises dans l'économie mondiale actuelle. En conséquent, on a pu constater une baisse importante des titres financiers de Renault et Nissan (de l'ordre de 12% environ) dans les jours suivant l'annonce du scandale.


Une incarcération dans un centre de détention atypique


C'est un quotidien grandement différent que vit Carlos Ghosn depuis son arrestation. En effet, l'homme d'affaires passe désormais ses journées au centre de détention de Kosuge, situé au nord de Tokyo, centre réputé pour son système carcéral extrêmement sévère. Parmi les caractéristiques qui donnent à ce centre sa singularité, il y a notamment le devoir de silence permanent, l'exiguïté des chambres de détenus (on parle d'environ 6m²), ou encore la solitude presque permanente, puisque les sorties de cellules sont rares et généralement effectuées en solitaire. De plus, il est important de préciser que Carlos Ghosn n'ayant toujours pas avoué sa culpabilité présumée, il ne peut obtenir le droit de visite ou de contact épistolaire avec ses proches. Il vit ainsi dans une solitude permanente depuis son incarcération, excepté lorsqu'il s'entretient avec son avocat, Maître Motonari Otsuru.


Une séparation progressive entre le fondateur de l'Alliance et les entreprises


Après avoir pris le contrôle de Nissan en tant que PDG en 2001 puis de l'entreprise française Renault en 2005, dont il est encore officiellement le PDG à ce jour malgré le scandale, Carlos Ghosn était également devenu le président du Conseil d'Administration du groupe Mitsubishi Motors en 2016. En deux ans, il a ainsi mené l'association tripartite au 4ème rang mondial des constructeurs automobiles, derrière Toyota, Volkswagen et General Motors. Aussi, il avait auparavant restructuré le groupe Renault lorsqu'il y travaillait déjà à la fin des années 1990, rendant au groupe sa rentabilité qu'il avait perdue. Il fit de même avec le groupe Nissan au début des années 2000, permettant au groupe de se redresser après avoir frôlé la faillite. De plus, celui qui fut surnommé le « tueur de coûts » suite à ses réussites dispose d'une pluralité de nominations dans de nombreux classements ou titres récompensant les hommes d'affaires les plus influents au monde. Néanmoins, force est de constater que sa contribution indiscutable à la santé financière de ces entreprises par le passé n'a pas assez pesé dans l'esprit de l'Alliance face aux graves accusations dont il est désormais l'objet. En effet, le Franco-Libano-Brésilien qui encourt jusqu'à 10 ans de prison a été révoqué de son poste de président chez Nissan et Mitsubishi. Il lui reste donc seulement son poste de PDG de Renault, même si une gouvernance intérimaire est actuellement effectuée par le français Thierry Bolloré et que des rencontres entre avocats de Nissan et de Renault ont lieu dans le but de régler cette affaire au plus vite. Enfin, après 22 jours de garde à vue, le parquet de Tokyo a inculpé Carlos Ghosn le 10 décembre dernier pour les faits de fraude fiscale précédemment décrits. Le procès est donc en cours au Japon.



Titouan Lecuyer

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